
La deuxième réunion du comité directeur du projet, « Croissance économique inclusive à l’ère numérique », a eu lieu le mardi 13 octobre 2020 à la Primature. Une réunion qui a démarré par une présentation sur le diagnostic de l’état de préparation du Bénin au digital suivi du lancement de la phase de dialogue qui a eu lieu entre les parties concernées.
C’est en présence de toutes les parties impliquées dans ce projet que le Professeur Léonard Wantchékon, Président de l’African School of Economics (ASE), a présenté les résultats de la phase de collecte et d’analyse des données. Selon les données recueillies par l’Institut des finances et de la gestion (IFM) de l’École africaine d’économie en mars 2020, 53,69% de la population du Bénin dispose d’une connexion Internet mobile.
Toutefois, 9,3 % des utilisateurs d’Internet mobile utilisent la 4G, 29,3 % la 3G et 61,2 % la 2G. La même enquête révèle que 24,4% des personnes ayant accès à Internet l’utilisent à des fins professionnelles. De ce nombre, 47 % vendent des produits ou des services et seulement 11 % des entreprises qui vendent des produits en ligne déclarent avoir de 75 à 100 % de leurs ventes en ligne. Une enquête menée par l’Institut de recherche empirique en économie (IREEP) auprès des individus révèle que 3,5 % des produits sont achetés en ligne, 3,5 % des personnes déclarent travailler à distance et 4,5 % des personnes déclarent utiliser les services de livraison.
En outre, le diagnostic montre qu’une faible proportion de la population béninoise (41%) a accès à l’électricité. En analysant ces données, le professeur Wantchékon a conclu que le commerce électronique, qui est l’une des plus grandes innovations des dix dernières années, reste marginal au Bénin.
L’ouverture de la phase de dialogue
A l’issue de cette présentation, le conseiller au numérique du Président de la République et président du comité de pilotage, M. Kpodjedo Maximilien, a rappelé les critères qui régissent la mise en œuvre de ce projet d’envergure. Cela concerne l’inclusion des acteurs numériques, l’aspect multisectoriel, mais aussi le secteur informel.
Pour le conseiller numérique du Président de la République, cette seconde phase est l’étape la plus importante du projet dans la mesure où elle permet d’initier un dialogue avec les différentes parties concernées et de présenter leur avis sur le diagnostic.
Mme Gilletta Gbanhoun, directrice d’AGENTIC-SA, a, pour sa part, évoqué la place donnée au capital humain et les difficultés liées aux ventes en ligne. Pour elle, le capital humain mérite plus d’attention parce qu’il occupe une place centrale dans la croissance économique inclusive à l’ère numérique.
Mme Muriel Alapini, vice-présidente du Forum pour la gouvernance de l’Internet au Bénin, a fait observer que l’achat de crédit n’est pas le but principal des transferts d’argent comme le souligne le diagnostic. C’est une idée renforcée par Dorelle Alao Adido, responsable des systèmes de paiement à la BCEAO-BÉNIN. Selon elle, 80% des transactions se terminent en espèces. Le professeur Léonard Wantchékon a assuré que ces observations seront prises en compte pour améliorer la qualité des travaux finaux.
En tant que bailleur de fonds pour ce projet, l’Ambassade des Pays-Bas représentée par Mme Meijer Sigrid, première secrétaire de la sécurité alimentaire, a apprécié le diagnostic posé et les contributions des participants. En outre, elle a également insisté sur l’inclusion des petits commerçants de rue, des agriculteurs, des artisans et, surtout, des acteurs du secteur informel dans cette phase du dialogue.
Dans la mise en œuvre de cette phase du dialogue, le président du comité de pilotage du projet, Kpodjedo Maximilien, a annoncé l’organisation de séances de discussion avec les acteurs numériques, comme une approche inclusive pour les semaines à venir.
Quelques pistes de solutions
En attendant la 3ème phase du projet qui sera consacrée aux recommandations, certains participants au dialogue ont proposé des solutions aux difficultés exposées par leurs pairs.C’est le cas de Gilles Dénadi du ministère de l’économie numérique et de la digitalisation qui apréconisé la formation de « référents » pour rendre accessibles les informations dans les langues locales au profit des agriculteurs. Ce qui va permettre aux acteurs de palier aux difficultés liées à l’accès à l’information. Pour ce qui est du financement, le Directeur de la programmation et de la prospective du ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche Affo Oussman a clarifié la position du gouvernement béninois au sujet du financement des producteurs.
Il a ensuite proposé la mise en place d’une plateforme pour acheter les intrants afin d’amoindrir les coûts de transport aux producteurs. Dans les semaines à venir, les acteurs d’autres secteurs sont attendus vont s’adonner à ce même exercice pour contribuer au dialogue dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Croissance économique inclusive à l’ère du numérique ».
Pour rappel, cette rencontre fait suite à la première rencontre du comité de pilotage du projet d’évaluation de l’état de préparation au digital du Bénin tenue le vendredi 13 mars 2020, dans les locaux de African School of Economics (ASE). Ce projet novateur vise en d’autres termes, à faire un état des lieux des opportunités et gaps que présente l’économie numérique pour le Bénin. Il compte aussi analyser l’impact du digital sur les différents secteurs tels que la finance, l’agriculture, le tourisme, l’éducation et bien d’autres.
Le programme a pour but, l’élaboration de politiques qui vont être mises en œuvre par le gouvernement béninois. Ces travaux vont permettre la conception d’un document stratégique présentant les opportunités et les difficultés liées au secteur du numérique. au Bénin.