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mercredi, juin 7, 2023
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    Accueilinfo BeninCoproduction de la sécurité : Une arme contre l’extrémisme violent au Bénin

    Coproduction de la sécurité : Une arme contre l’extrémisme violent au Bénin

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    C’est une approche novatrice, participative et inclusive développée depuis peu par les forces de sécurité et de défense du Bénin pour repousser toutes velléités en lien avec les attaques terroristes dans la partie septentrionale : la coproduction de la sécurité.

    Sensibilisation des têtes couronnées, des autorités religieuses et leaders d’opinion, des élus locaux, des responsables d’associations de développement, formation des journalistes et autres ; ce sont là quelques actions menées depuis plusieurs mois par les forces de sécurité et de défense, sous la houlette du ministère béninois de l’intérieur, dans le sens de la coproduction de la sécurité.

    L’enjeu est de taille. Et l’adhésion de toutes les couches de la société semble être primordiale pour mieux prévenir l’extrémisme violent au Bénin.

    En effet, longtemps épargné, le Bénin, depuis mai 2019 ne cesse d’enregistrer des attaques terroristes et des incursions de groupes armés non identifiés. Des incidents violents dans la région septentrionale qui se caractérisent par une insécurité croissante, des kidnappings fréquent et l’usage des armes de guerre contre les militaires pour cause de djihadisme… Des fléaux qui mettent en mal le vivre-ensemble, sclérosent la cohésion sociale et compromettent le développement.

    Ne pouvant pas contenir cette invasion, le gouvernement béninois a opté pour faire la coproduction de la sécurité, l’arme fatale pour endiguer l’extrémisme violent. Cela avec une implication accrue des leaders religieux, des jeunes déscolarisés, des maires des différentes communes du Nord du pays. D’ailleurs, selon un communiqué du gouvernement, les forces de défense et de sécurité vont jouer leur partition mais elles ne peuvent faire face à la menace extrémiste sans la participation des populations. « La question de la sécurité est l’apanage de tous. La population est invitée à faire montre de son patriotisme par une collaboration active avec les forces de défense et de sécurité afin d’empêcher que les terroristes ne viennent s’installer sur le territoire béninois », pouvait-on lire dans ledit communiqué.

    Un sentiment partagé par Arnauld Kassouin, journaliste specialiste des questions relatives à la paix, à la sécurité et à la bonne gouvernance au Sahel et en Afrique de l’ouest. Dans un post publié sur LinkedIn, il explique que « les leaders religieux ont un accès unique à leur communauté et peuvent utiliser leur influence pour prévenir et contrer l’extrémisme violent. Ils peuvent à cet effet agir en tant que médiateurs dans les conflits, promouvoir des messages de tolérance et de non-violence, et mobiliser les membres de leur communauté pour lutter contre l’extrémisme violent ».

    A l’en croire, « les leaders religieux peuvent entreprendre certaines actions pour prévenir l’extrémisme violent et le terrorisme au Bénin, notamment : organiser des forums de dialogue interreligieux pour promouvoir la compréhension mutuelle,  la promotion de l’éducation pacifique, sensibiliser la jeunesse aux dangers de l’extrémisme et des opinions radicales, collaborer avec les forces de sécurité pour identifier les cas suspects d’extrémisme, et donner des orientations pour aider les personnes radicalisées à se réintégrer dans la société. »

    Guillaume Husson, chef du secteur Education du Bureau multisectoriel de l’Unesco de Dakar, estime pour sa part, que la prévention de l’extrémisme violent et le renforcement de l’état de droit passe par la « puissance douce » de l’éducation, notamment par le biais de projets qui cherchent à renforcer la résilience des enfants et des jeunes face aux discours de haine et à la propagande qui légitiment le recours à la violence. Il en veut pour preuve la mise en œuvre au Burkina-Faso, du plan d’action pour la Prévention de l’Extrémisme Violent par l’Éducation (PEV-E) dont les résultats sont probants et qualitatifs. Le rapport révèle d’ailleurs l’appropriation des compétences liées aux valeurs de la PEV-E par les élèves, l’amélioration de la discipline, de l’assainissement et de l’apaisement du climat scolaire et une mobilisation des acteurs pour la PEV-E dans les établissements d’expérimentation. 

    Une expérience de coproduction de la sécurité qui pourrait servir de socle au Bénin dans sa lutte contre l’extrémisme violent. Surtout que Arnauld Kassouin croit savoir que « pour lutter contre l’extrémisme violent et le terrorisme au Bénin, les décideurs politiques doivent renforcer les programmes de sensibilisation et de formation des leaders religieux sur la prévention de l’extrémisme violent, leur rôle dans le maintien de la paix et de la sécurité au sein de leur communauté, renforcer leur capacité à identifier et prévenir la radicalisation et les encourager à établir un dialogue avec les autorités locales ».

    Jeunes et griots, artisans de la coproduction de la sécurité

    Les premières cibles des recruteurs dans le rang des terroristes sont très souvent des jeunes déscolarisés ou en situation de précarité. Des cibles faciles appâtables grâce à des promesses mielleuses. La société civile, à travers l’Institut Tonafa a d’ailleurs initié le 28 Octobre 2022 un atelier de sensibilisation au profit des jeunes du septentrion pour les informer sur leur rôle face à la montée de l’extrémisme violent au Bénin.

    Il s’est agi de faire d’eux des ambassadeurs de paix dans la coproduction de la sécurité avec les forces de sécurité et de défense. Cela à travers une campagne de sensibilisation sur la promotion de la cohésion sociale, gage du vivre-ensemble et de la préservation de la paix malgré le contexte actuellement hostile dans le Nord du pays. Ainsi donc, il est mis l’accent sur la nécessité de signaler tous comportements ou habitudes suspectes dans les communautés aux forces de l’ordre, éviter d’adhérer à des groupes de radicalisation et à peser les conséquences des attaques terroristes pour le pays, mais encore plus pour les personnes vulnérables dans les communautés comme les femmes, les jeunes, les personnes âgées et les enfants.

    Dans le même sillage, un projet fait sensation. Le Projet BAROBU. Il porte la cause de la promotion de la paix et de la lutte contre l’extrémisme violent. Il a permis d’enrôler environ 350 griots professionnels, amateurs et apprenants dans 10 foyers d’interprétation en savoirs et pratiques griotiques à manifester leur engagement aux côtés de la Police Républicaine, de l’Armée Nationale et de l’administration publique pour contribuer à la promotion de la paix et à la lutte contre l’extrémisme violent dans les communes du Borgou.

    Des initiatives qui promeuvent la coproduction de la sécurité comme l’outil par excellence pour endiguer l’extrémisme violent au Bénin.

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